Longtemps les romans policiers ont été considérés comme de la sous littérature de gare. Depuis une cinquantaine d’années, le genre est reconnu à part entière. L’exposition "Enquête d’auteurs" rend hommage aux nombreux écrivains de ces polars longtemps maudits en retraçant l’histoire de la littérature policière depuis ses origines jusqu’à nos jours. Elle est subdivisée en cinq parties, chacune représentant une période bien déterminée.
1. Naissance d'un genre : Eugène-François Vidocq, Honoré de Balzac et Edgar A. Poe.
Polar, suspense, mystère, thriller, roman criminel, roman "à énigme", "pulp fiction" ou encore roman noir ... à quelques nuances près, derrière ces appellations se cache un genre bien à part - et à part entière ! - de la littérature : celle dite policière. L'inspirateur du genre est Vidocq, ses mémoires paraissent en 1828 et font un triomphe. Elles mettent en scène le monde des truands avec les bagnes, les juges, des commissaires de police et des gendarmes.
2. Les années de pierre (1841-1928) : Emile Gaboriau, Arthur Conan Doyle, Maurice Leblanc, Gaston Leroux, Pierre Souvestre, Marcel Allain, Gilbert Keith Chesterton, Dorothy Leigh Sayers, Agatha Christie, S.S. Van Dine, Earl Derr Biggers, la Série Noire, le Masque, l'Empreinte, les Dime Novels.
Au XIX ème siècle de nombreux écrivains, à commencer par Emile Gaboriau, développent le roman policier comme un genre à part entière. Il débute par un pastiche évident de "double assassinat dans la rue morgue", la nouvelle de Poe venant d'être publiée en France. C'est "l'Affaire Lerouge" en 1866, dans lequel il crée le personnage du Père Tabaret, alias Tireauclair, directement inspiré de Dupin.
3. Les années de souffre (1929-1950) : Léo Mallet, Raymond Chandler, James Hadley Chase, Peter Cheyney, John Ross Mac Donald, Samuel Dashiell Hammett, Ed Mc Bain, Georges Simenon et Stanislas-André Steeman.
Retour en arrière ... Après divers petits boulots, un homme entre, en 1915, dans la célèbre agence de détectives Pinkerton. Il commence à écrire des nouvelles à partir de 1922 et entre au "black mask" l'année suivante avec "L'incendiaire", sa première histoire policière qui devient rapidement une référence stylistique pour les écrivains débutants de l'époque. Août 1927, cet homme s'est mis en tête de passer de la nouvelle (genre où il excelle) au roman. Dans la touffeur de cette nuit d'été, installé devant sa machine, Samuel Dashiell Hammett est en train de composer ce qui deviendra le genre fondateur du roman noir : "La moisson rouge" où apparaît le Continental Op, un détective anonyme "hard-boiled" (littéralement dur à cuire), incarné dans ce roman par Sam Spade.
4. Les années de cendre (1951-1965) : Albert Simonin, Auguste Le Breton, José Giovanni, Jean Amila, Frédéric Dard, William Irish, Boileau - Narcejac, Charlotte Armstrong, Dorothy Belle Hugues, Ursula Curtiss, Helen Nielsen, Véra Caspary, Margaret Millar, Charles Exbrayat, Pierre Siniac, Michel Lebrun et Sébastien Japrisot.
Les récits policiers américains, écrits dans un langage argotique, séduisent rapidement le public français. Dans les années 1950, plusieurs auteurs amènent alors au roman noir le langage argotique emprunté au "milieu", lequel est abondamment présent dans les oeuvres.
C'est la grande époque des malfrats et des tractions avant, des casses et des évasions, celle de "Touchez pas au grisbi ! " et "Le cave se rebiffe", qui inspirent aussi le cinéma de l'époque.
5. Les années de braise (1966-2007) : Robin Cook, Jean Vautrin, Jean-Patrick Manchette, Didier Daeninckx, Umberto Eco, Fruttero et Lucentini, Francis Ryck, Daniel Pennac, Manuel Vasquez Montalban, Arturo Perez-Reverte, Patricia Highsmith, Sjöwall et Wahlöo, Julian Semionov.
Au début des années 60, la source américaine commence à se tarir. Cette crise peut s'expliquer par la concurrence de genres voisins comme le roman d'espionnage et la science-fiction. En Europe, le roman policier va s'habiller de plus en plus noir. Pur produit de l'esprit révolutionnaire et anarcho-gauchiste de mai 68 des manifestations estudiantines, le néo-polar va naître avec, pour chef de file, Jean-Patrick Manchette.
Le roman noir devient politiquement militant et socialement engagé. C'est le roman de la dénonciation : celle du racisme, des inégalités sociales, des magouilles du pouvoir ... Mélange de roman noir, de chronique politique et de peinture sociologique, le néo-polar militant et engagé a remis le réalisme social au goût du jour.
Exposition proposée par la Bibliothèque provinciale, section centrale Chaussée de l’Ourthe 74 à 6900 Marche-en-Famenne.
Bibliothèque communale de Wellin
Ancien Chemin de Halma 28 A, B-6920 WELLIN
Ouvert les vendredis de 13h30 à 18h30.
Entrée gratuite.